vendredi 20 janvier 2012

Chez les enfants, Che n’est pas mort

Pierre Pestieau

On sait que le Che ou en tout cas ses posters font fureur sur les murs des chambres de jeunes filles par ailleurs rangées. On retrouve aussi son portrait sur leurs tee-shirts. Je ne me rendais pas compte qu’il était encore bien plus présent dans l’imaginaire des enfants.

Un des avantages d’être grand père est que l’on peut voir ou revoir des dessins animés plus ou moins récents. Je viens de subir une cure intensive de ces films et suis frappé par le message qu’ils contiennent. Citons dans le désordre Yogi Bear, Zorro, Chicken Run, La Princesse et la Pauvrette, Robinita…Dans Yogi Bear, on voit un politicien véreux qui veut transformer les règles d’aménagement du territoire afin de vendre un parc national à des industriels du bois. Le courage d’un garde forestier assisté de Yogi Bear fera échouer ce plan. Dans Chicken Run, on voit des poules qui sont traitées comme toutes les poules de ce bas monde. Tant qu’elles pondent on les laisse en vie sur la surface d’un mouchoir de poche et dès que leur rendement tombe, c’est la hache et le billot. Elles décident de se révolter et de s’enfuir pour retrouver la liberté au milieu d’une forêt dans laquelle leur espérance de vie sera encore plus faible. Mais au moins elles mourront en liberté. Robinita est une version mexicaine et féministe de Robin des Bois. Avec ses compagnes elle rétablit la justice sociale dans une lutte sans merci contre deux horribles machos, le seigneur du coin et le shérif en charge des basses besognes. L’histoire de Zorro n’est pas très différente de ce qu’elle a toujours été, même quand nous étions plus jeunes. Enfin dans la Princesse et la Pauvrette on voit une princesse se lier de sympathie pour une pauvrette. Elles échangent leur vêtements et du fait d’une étonnante ressemblance physique la princesse déguenillée est jetée hors du château et la pauvrette est forcée bien malgré elle de prendre sa place. Tout se terminera bien.

Quels sont les effets que peuvent avoir sur l’esprit de nos (petits) enfants ces récits pétris de bonnes intentions et de nobles idéaux : respect de l’environnement, souci de justice sociale, égalité des sexes et des peuples ? Le même sans doute que celui des inscriptions morbides que l’on trouve sur les paquets de cigarettes. Ou que celui des sermons dominicaux auxquels assistent les parrains de la mafia et autres truands. Ou que cette drôle d’habitude qu’ont, dans leurs articles, les collègues qui utilisent le genre féminin pour les industriels et les investisseurs et le genre masculin pour celle qui fait la vaisselle…

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