vendredi 3 février 2012

Kafka et Frankenstein, deux grands Européens

Pierre Pestieau

Les « Notes de lecture III » de Victor m’ont beaucoup amusé dans un premier temps. Cette accumulation d’acronymes que l’on verrait volontiers proférés par le capitaine Haddock du haut de dunes sahariennes est hilarante. Mais rapidement le sérieux revient au galop et je m’interroge. Est-ce spécifique à l’Europe? J’ai déjà lu des remarques semblables à propos de nombreuses autres bureaucraties : la France jacobine et ses 37000 communes ; la Belgique fédérale et ses multiples gouvernements et parlements ; les Etats-Unis et leur administration tentaculaire. Après tout, Courteline et Kafka n’étaient plus de ce monde lorsque cette Europe fut créée. Qu’est-ce à dire ? Il faudrait comparer les coûts et les performances de ces différentes bureaucraties et éviter les clichés. On se gausse souvent des lourdeurs de nos systèmes publics de santé ; et pourtant ils sont plus efficaces et moins coûteux que leurs équivalents privés. A voir donc.

Plus sérieusement, on peut reprocher à l’administration européenne de s’être développée en un temps où les travaux des politologues, économistes et gestionnaires des administrations étaient connus. Les travaux de Crozier et de Niskanen, par exemple, auraient pu inspirer les pionniers de l’Europe. Certains d’entre eux mènent d’ailleurs une vie schizophrénique : libéraux et critiques de la bureaucratie côté cour et jouissant de rentes juteuses côté jardin.

Le problème de l’Europe est sans doute ailleurs ; il réside dans le déficit démocratique qu’elle affiche de plus en plus. Les élargissements successifs de l’Union européenne n’ont pratiquement jamais été approuvés par les populations. Lorsqu’en cette période d’austérité et de restrictions, on entend parler d’une augmentation de revenu des eurocrates, il y a lieu de s’inquiéter. Non pas nécessairement de cette augmentation, mais bien de l’absence de tout contrôle démocratique. Pour me résumer, je pourrais accepter que l’Europe offre le caractère kafkaïen que Victor décrit si elle était davantage soutenue et contrôlée par la population des ses 27 pays membres. Malheureusement il y a sans doute un lien entre les deux.

Plus qu’à Kafka, l’Europe fait parfois penser à Frankenstein, ce monstre que ne contrôlent plus ses créateurs.

1 commentaire:

  1. Monsieur,
    Je pense que la democratie et un Etat Europeen sont incompatibles. Ca ne marche pas, c est comme melanger l huile et l eau (pour citer un grand homme). Une democratie c est un demos et un cratos. Le premier est un denominateur commun, un facteur d unite qui permet a tous d accepter des sacrifices. Une nation en d autres mots. Le deuxieme est ce que l on pourrait appeler l appareil d Etat. C est un ensemble de mechanismes permettant a la volontee du demos de s appliquer. Or en Europe on n a pas de demos. Ca n existe pas un peuple Europeen. On construit un appareil d Etat qui n a aucune legitimite. Il ne sera pas accepte et la seul maniere pour ce dernier de perdurer sera alors via une forme de dictature. Ou alors en creant un peuple europeen par la force en imposant une langue commune et en forcant les mariages inter ethniques. Nos societes sont tombees aux mains d une bande de fanatiques qui ont decides de detruire tout ce qui a fait les nations europeens dans le passe. Le prie c est qu en insistant comme ils le font ils risquent de declencher un ras le bol qui nous ramenera vers nos heures les plus sombres.

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