jeudi 20 février 2014

Ces génies qui règlent la circulation à Bruxelles et ailleurs


Victor Ginsburgh

On nous annonce une enquête sur la possibilité d’instaurer une taxe au kilomètre parcouru. On nous annonce une taxe sur les véhicules qui entrent dans Bruxelles. On nous annonce des augmentations du prix des parkings.

Exemple de carrefour à Bruxelles
Je comprends bien tout cela. Bruxelles est une des villes les plus embouteillées au monde, ce qui m’avait permis d’écrire en septembre 2013 « La circulation à Bruxelles : on a gagné ».

Mais les journaux nous annoncent en chœur mardi matin 18 février que la Société Nationale des Chemins de Fer Belges (SNCB) « va privilégier les grandes gares aux dépens des petites. Les trains semi-directs [qui desservent les petites localités] devraient dès lors disparaître au profit des lignes qui relient des gares plus importantes » (1). Ce point a été démenti par le patron du rail mardi soir : nous avons simplement changé le nom des trains, dit-il… On se demande bien pourquoi un patron s’amuse à changer les noms de ses trains. Bref, on ne le croit qu’à moitié. Une marche arrière devant des protestations ? ou une marche avant plus discrète ? 
Les génies de la circulation ne se posent pas certaines questions pourtant très simples. Quelques modestes exemples :
- Synchronisation des feux. Début février 2014, on nous annonce victorieusement : Bruxelles synchronise enfin ses feux en les adaptant automatiquement au flux de la circulation (3). Faut pas nous faire rire quand même, cela existe depuis plus de trente ans dans d’autres pays.

- Augmentation stupide des véhicules genre « jeep ». Pas que lesdites jeeps soient plus lentes que les autres véhicules, mais elles réduisent l’espace de parking par leur longueur et l’espace carrossable par leur largeur.

- Des sens uniques tellement bien étudiés que parfois ils nous font tout simplement revenir presque au point initial.

- Des vitesses autorisées différentes sur des tronçons absolument rectilignes selon que l’on se dirige de A vers B ou de B vers A. J’ose imaginer que le tronçon de gauche est localisé dans une commune, celui de droite dans une autre.

- Des avenues et rues en travaux depuis plusieurs mois, apparemment sans aucune concertation de commune à commune, voire de rue à rue. On n’arrête pas d’ouvrir les voiries : dès que la compagnie du gaz a terminé ses réparations, on bouche, et on laisse la place à la compagnie qui distribue l’eau ; et on recommence parce que c’était mal fait. Londres a aussi une taxe d’entrée pour les véhicules, mais à Londres, on continue les travaux de voirie durant la nuit et les week-ends pour en finir plus rapidement!

- Des voitures et des camions en double file les uns derrière les autres.

- Le RER. L’idée date de 1990. La mise en service des premières lignes était prévue pour 2002. Les travaux n’ont commencé qu’en 2005. La mise en service de l’ensemble du programme était prévue pour 2012. Mais des retards font que certaines infrastructures ne seront pas prêtes avant 2025 (4). Quelle magnifique coordination.

Et pour couronner le tout, le machin (comme disait de Gaulle) à Bruxelles qui s’occupe de tout cela s’appelle « Bruxelles Mobilité ». Immobilité serait sans doute plus approprié. Et est localisé rue du « Progrès ».

« Mieulx est de ris que de larmes escripre,
 Pour ce que rire est le propre de l'homme » avait écrit le piéton Rabelais dans Gargantua.


(2) http://www.levif.be/info/actualite/belgique/sncb-on-ne-supprime-pas-les-trains-ir-c-est-seulement-un-changement-de-nom/article-4000532587682.htm?nb-handled=true&utm_source=Newsletter-18/02/2014&utm-medium=Email&utm-campaign=Newsletter-RNBAVULV
(4) Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Réseau_express_régional_bruxellois


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