jeudi 18 septembre 2014

Faut-il marshalliser la Wallonie ?


Pierre Pestieau

Avant l’été, j’ai eu l’occasion de dîner avec un responsable d’une des branches du Plan Marshall. Un homme extrêmement courtois et compétent, un ingénieur. Je venais de faire un exposé sur l’état socio-économique de la Wallonie utilisant les indicateurs macroéconomiques traditionnels: chômage, santé, éducation, etc., pour conclure que par rapport à la Flandre et aux pays voisins la performance de la Wallonie était faible et ne semblait pas s’améliorer. Je ne suis pas sûr qu’il avait suivi mon exposé et particulièrement toutes les réserves méthodologiques que j’avais évoquées. Globalement, il n’était pas d’accord avec mon constat que la Wallonie n’allait pas bien et que les Plan Marshall 1 et 2 introduits en fanfare par le gouvernement régional n’étaient pas d’une grande utilité.  Son point de vue était que dans son secteur, celui de l’aéronautique, cela marchait bien et ce, précisément grâce au plan Marshall. Il me donnait toute une série de raisons pour cet optimisme et je n’avais aucune raison de mettre sa parole en doute. Ma seule défense était que ces succès indiscutables sont une goutte d’eau dans l’océan du déclin wallon.


Car enfin ce qui compte en définitive ce ne sont pas des succès partiels mais le bilan global de la  Région Wallonne. Or une actualisation récente d’une étude ancienne visant à mesurer la performance de l’Etat social wallon semble indiquer une stagnation inquiétante. Par rapport à nos voisins cette performance est au niveau de pays comme le Portugal et la Grèce et on ne perçoit pas de frémissement jusqu’à la dernière année pour laquelle nous disposons de données comparables.

Comment mesure-t-on cette performance ?  Nous prenons 5 indicateurs : le taux de chômage, l’espérance de vie, le niveau de scolarisation des jeunes, le taux de pauvreté et un indice d’inégalité des revenus. Nous agrégeons ces 5 indicateurs de deux façons : en leur donnant des poids égaux ou en les pondérant selon l’importance que chaque pays attribue à chacun de ces indicateurs. Quelque soit le mode de calcul l’Etat social wallon affiche une pauvre performance. Cette réalité, me semble-t-il, ne peut-être compensée par des succès incontestables mais parcellaires dans de domaines tels que le génie génétique ou l’aéronautique.

(1) Définition du wiktionnaire : Faire entrer dans le plan Marshall ; soumettre au régime économique du plan Marshall.

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