jeudi 9 octobre 2014

La semaine des Prix Nobel


Victor Ginsburgh


- Nous allons vous vendre des obligations de 
façon à vous renflouer en vous prêtant

- Nous allons vous emprunter de l’argent de façon
 à ce que nous puissions acheter vos obligations
J’aime la littérature (pas toujours les prix Nobel). Je ne comprends pas grand chose à la chimie, à la physique et à la médecine. Ni à la Paix d’ailleurs. Mais je suis quand même censé comprendre un peu d’économie. Sauf que…

« La macroéconomie est née vers 1940 : elle représentait une réponse intellectuelle à la Grande dépression des années 1930. Le terme ‘macroéconomie’ est utilisé pour décrire le champ de connaissances et d’expertise dont nous espérions qu’il puisse prévenir le retour d’un événement similaire. Ma thèse est que, pour l’essentiel, ce tour de force a été réussi : les dépressions ont été écartées pendant un bon nombre de dizaines d’années. Il reste d’importants gains de bien-être à réaliser, mais ce n’est pas les petites touches d’ajustement de la demande [augmentation des dépenses et des investissement publics] qui résoudront ce problème. »

« La finance est la branche qui a connu le plus de succès en économie, aussi bien en théorie qu’en recherche empirique. Les 50 premières années de la recherche en finance ont été magnifiques. Je suis certain que cette tendance continuera indéfiniment. » 

Voilà des extraits d’écrits de deux prix Nobel d’économie, le premier de Robert Lucas (1) couronné en 1995, le deuxième d’Eugène Fama (2) prix Nobel en 2013.

Paul Krugman, également prix Nobel d’économie en 2008, presque exactement entre Lucas et Fama ne dit pas tout à fait la même chose :

« Mammon [mot araméen qui signifie argent, richesse ou possessions, mais c’est aussi le nom d’un ‘faux dieu’ dans le Nouveau Testament] sait que les sciences économiques doivent être repensées à la suite de la crise, une crise qui n’a été ni prévue, ni évitée. Il me semble important de réaliser l’immense échec intellectuel de ces dernières années. La science économique s’est complètement fourvoyée durant des dizaines d’années : en cause des économistes qui ont préféré des opinions partisanes plutôt que professionnelles et des décideurs qui élaborent des politiques économiques en écoutant uniquement ce qu’ils voulaient entendre » (3).

Et nous sommes loin d’être sortis de l’auberge si on observe ce qui se passe dans l’Union Européenne et la zone Euro, où le serrage de ceinture imposé que l’économiste belge Paul De Grauwe qualifie « d’austérité dictée par la panique » (4), se révèle de plus en plus néfaste. Dans un article plus récent, Krugman parle de « science économique vaudoue » (5).

C’est presqu’une insulte aux adeptes du culte vaudou… ;-)

Qui sera le prochain prix Nobel ?


 (1) Robert Lucas, Macroeconomic priorities, American Economic Review, Papers and Proceedings 93 (2013), 1-14.
 (2) Eugène Fama, My life in finance, Annual Review of Financial Economics, 3 (2011), 1-15.
 (3) Paul Krugman, How to get it wrong, The New York Times, September 14, 2014.
 (4) Voir aussi Paul de Grauwe and Yuemai Ji, Panic-driven austerity in the Eurozone and its implications, VoxEU, 21 February 2013.
 (5) Paul Krugman, Voodoo economics, the next generation, The New York Times, October 5, 2014.
http://www.nytimes.com/2014/10/06/opinion/paul-krugman-voodoo-economics-the-next-generation.html

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