jeudi 8 septembre 2016

Que de murs, que de murs

Pierre Pestieau

Je viens, comme chaque année, de passer plusieurs semaines dans la campagne française. Je suis toujours frappé par l’omniprésence de murets, portails et autres clôtures autour de chaque habitation. J’ai même vu une clôture avec un joli portail à ouverture télécommandée entourant les fondations d’un pavillon. Quelques semaines plus tard, quand il s’est agi de continuer la construction, il a fallu démolir une partie de la clôture ; heureusement, on n’a pas touché au portail.

Les Français (et sans doute les Belges aussi) sont étonnés quand ils voyagent aux Etats Unis d’observer que les habitations de banlieue et leurs jardins ne sont séparés que par des haies très basses quand ils le sont. Les problèmes de voisinage qui sont un thème récurrent des bandes dessinées américaines et franco-belges sont marquées par ces différences : le ballon qui passe chez le voisin se récupère beaucoup plus facilement aux Etats Unis que dans nos contrées.


Est ce grave docteur ? Pas vraiment. C’est d’ailleurs excellent pour tous les installateurs de portiques, clôtures, barrières, etc.…qui prospèrent en France. Cela témoigne sans doute d’une culture différente. En France, on installe des barrières entre les maisons ; aux Etats Unis où les banlieues sont économiquement et socialement homogènes, c’est entre les banlieues qu’un autre type de barrière existe. Une barrière invisible et indicible qui fait qu’un étranger à la banlieue est immédiatement repéré.

En revanche ce qui est grave c’est le retour des murs comme moyens de séparer les peuples. Au Moyen Age, on se refugiait derrière les remparts d’une ville fortifiée pour se protéger d’éventuelles attaques venant des étrangers, des infidèles, des barbares, des pillards. La Chine a poussé l’exercice aussi loin que faire se peut avec sa grande muraille. Depuis on a eu le mur de Berlin et le rideau de fer, plus récemment le mur de la honte qui sépare les Israéliens des Palestiniens et la promesse trumpienne d’un mur qui séparerait les Etats Unis du Mexique. Il y a quelques jours ce sont les vertueux Norvégiens qui veulent construire un mur les séparant de la Russie. Sans compter le nouveau mur à Calais.

Autre phénomène lie à la croissance des inégalités : l’apparition de « communautés feres » (gated communities), entourées de murs, protégées par des barrières, ou isolées par les distances. C’est ça la mondialisation heureuse? (1).


(1) Expression que l’on doit à Alain Minc, un grand ami de Victor.

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