jeudi 15 juin 2017

D’une fracture raciale à une fracture sociale. Pauvre Mandela


Pierre Pestieau

Johannesburg, Jobourg, pour les intimes. Le nouveau quartier d’affaires ou les hôtels cinq étoiles, flambant neufs, se disputent le ciel avec les grandes banques de tous les pays. Au milieu, une oasis couverte de verre avec les boutiques les plus chics que l’on puisse imaginer, Rolex, Prada, Vuitton et autres Burberry et je suis sûr que j’oublie les meilleures. Au centre une petite place, le Nelson Mandela square,  dont l’accès est protégé partout par des gardes privés. Au centre de ce square une imposante statue de Mandela de 6 mètres de haut, qui n’a rien à envier aux nombreuses statues de Lénine qui peuplaient l’Union Soviétique. Que doit-il penser de tout ce luxe qui jure dans une société qui tout en continuant à le vénérer est désespérée de son avenir.


L’Afrique du Sud est un pays trompeur. Un aéroport moderne, des routes en parfait état, un centre de ville moderne, on est loin de ce que l’on trouve en Afrique. C'est une puissance de référence avec l'une des économies les plus développées du continent et des infrastructures modernes couvrant tout le pays.

Mais dès que l’on sort de ce parcours imposé, la réalité est toute autre. L’Afrique du Sud est un des pays les plus inégalitaires au monde. L’espérance de vie y a baissé depuis la fin de l’apartheid en 1991 pour remonter légèrement ensuite. Elle est de 56,5 ans et de 60,2 ans pour les hommes et les femmes respectivement, avec une choquante différence entre les classes les plus aisées et les classes les plus pauvres. Le revenu de la tranche la plus pauvre de la population (40 % des Sud-Africains), est inférieur de moitié à celui qu’il était sous le régime de l'apartheid. A cela il faut ajouter, une économie en stagnation, un pouvoir désespérément corrompu (1) et une violence extrême.
Les raisons de tout cela sont connues. L’émigration de plus d’un million de blancs, fonctionnaires, médecins et entrepreneurs, qui a suivi la fin de l’apartheid ; l’incurie des gouvernements qui se sont succédés. On peut espérer que cette situation attristante n’est que passagère. C’est sans doute le prix à payer pour la disparition d’un système inhumain. On aurait souhaité qu’il ne soit pas si lourd.
Vous pourriez-vous demander ce que je faisais la, particulièrement dans un ces hôtels cinq étoiles, où en passant l’équipe de France de rugby avait pris ses quartiers. Je participais à un colloque consacré à la pauvreté. Défense de rire.


(1) A ce propos, j’ai suggéré à quelques Sud-Africains d’accueillir en exil les Moreau, Gilles, Mayeur, De Decker, sans oublier les Fillon et les Balkany (chacun y retrouvera les siens), dont les techniques innovantes permettront à leur pays de devenir le pays le plus corrompu de la galaxie. Ce serait une mesure Pareto-optimale comme disent les économistes. Plus simplement, ce serait une situation win-win.


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